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  • Bruits et musiques dans l’ouverture de LA SOIF DU MAL d’Orson Welles

    La Soif du mal (Touch of Evil) d’Orson Welles a été restauré en 1997 à partir d’un long mémorandum envoyé par le cinéaste au studio Universal juste avant la sortie en 1958, et ignoré par le studio à l’époque. Les neuf pages de ce mémo consacrées au son ont été mises à profit par le monteur son et mixeur Walter Murch. Elles ont abouti à un nouveau montage de la séquence d’ouverture, qui programme tout le film.

    Ce plan-séquence virtuose pose d’emblée que le centre géographique et métaphorique du film est la frontière. Mais les superpositions sonores et les variations de volumes et de rythmes suggèrent que cette frontière est une démarcation perméable.

     

    Lien vers la séquence analysée:

    https://upopi.ciclic.fr/vocabulaire/etude/sceance-10


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    FICHE ELEVE:

     

    Livret enseignant:



    Dossier interactif du film Psychose:

    La domination masculine dans PSYCHO et l'importance de la contre-plongée, la scène des oiseaux empaillés:

      Cet effet de surplomb prend une tournure plus radicale et verticale encore avec les oiseaux empaillés qui ornent le bureau de Norman Bates. Lors du dîner improvisé au motel, Hitchcock multiplie les plans en contre-plongée sur Norman Bates, avec à l’arrière-plan ces animaux au regard sans vie empaillés par le tueur. Ces plans préfigurent le regard sans vie de Marion, future proie (il dit d’ailleurs d’elle qu’elle mange « comme un oiseau »). Ce qui l'observe, et donc l'attend ici, c'est bel et bien sa propre mort, et la menace qui pèse sur elle tout au long de la première heure du film, est purement masculine.

    Des extraits à regarder:

    1)La scène de la douche dans Psychose:

    https://www.youtube.com/watch?v=xcg42KhsZew

    2)Psycho VS Psychose:

    Pour aborder la célèbre scène de la douche sous un angle pédagogique et ludique, on pourra notamment se pencher sur le remake plan par plan de Psychose réalisé en 1998 par Gus Van Sant. Bien que ce film soit un véritable décalque de l’oeuvre originale, il propose également de légères variations, qui peuvent s’avérer intéressantes à analyser. Disponible sur Youtube, la vidéo intitulée Psychose VS Psycho (durée 2’44), met en comparaison le montage des deux scènes.

    https://www.youtube.com/watch?v=xcg42KhsZew

    Brève analyse des deux films:   L’eau de la douche, dont la chaleur est source de plaisir, et donc également source de mort, mettant ainsi en avant le lien entre Eros et Thanatos, avec lequel le film joue de manière implicite. Enfin, la contre-plongée sur l’eau qui sort de la douche est comme une toile qui enserre le personnage, voire le lacère, au même titre que les coups de couteau à venir. Chez Hitchcock, le rideau de douche fait également du tueur une figure fantôme et renvoie au caractère fantomatique de la mère de Norman Bates. Chez Gus Van Sant, il en démultiplie la figure, comme le prisme d’un diamant, et renvoie à la double personnalité de Norman Bates. Ensuite, Gus Van Sant renforce un montage très rapide et brutal par quelques images subliminales  : c’est celle du coup de couteau apparaissant sur un plan de la victime, celle d’un ciel chargé de nuages à la place d’un plan du tueur, ou bien encore l’œil de Marion Crane qui se dilate et représente sa perte de conscience.
      La fin de la séquence met d’ailleurs en évidence une différence notoire entre les deux films, mais à souligner tout de même : le remake est en couleur, donc le sang apparaît bien ici en rouge ! Pour finir, chez Hitchcock, l’œil sans vie de Marion Crane est représenté en plan fixe, en lien avec la rigidité cadavérique lorsque chez Gus Van Sant, la caméra tournoie et renvoie à l’image du sang s’écoulant dans le siphon de la baignoire, et symboliquement à la vie qui s’est échappée du corps de Marion. 

     

    3)Film à voir en ouverture, PULSION de Brian de Palma: inspiré de la scène de la douche de PSYCHO d'A.Hitchcock:

    Thème EROS et THANATOS

      Plus tard dans le film, la séquence du meurtre dans l’ascenseur se pare également de références explicites à l’assassinat de Marion Crane. On peut remarquer que la cabine de douche est remplacée par une autre cabine, celle de l’ascenseur, et que le rideau est devenu porte coulissante. Ici la figure du tueur est clairement dévoilée, ainsi que son travestissement, et on notera de manière significative, en référence à la première séquence du film, que l’arme est bien un rasoir. Comme précédemment, avec le cri sous la douche, on retrouve des échelles de plan similaires à celles de Psychose, ainsi qu’un gros plan sur l’œil de Kate Miller. On remarquera également la lente chute à terre du personnage, d’abord filmée de face, puis en plongée, comme dans Psychose. 

    4)La fin de PSYCHOSE parle des animaux empaillés et de la double personnalité de Norman Bates:

    https://www.youtube.com/watch?v=KXnpzzoPaFU


    5)Les ingrédients du SUSPENS chez Hitchcock (peur et plaisir comme dans un grand 8):

    https://www.youtube.com/watch?v=dgdfgwYaH6U

    6)BLOW UP, A.Hitchcock

    https://www.youtube.com/watch?v=qtT6Nlm8rCg

    7)La bande annonce de PSYCHO, présentation par A.Hitchcock:

    https://edpuzzle.com/media/5be9a3a85362704052c370e9


    8)L'analyse du tableau Suzanne et les vieillards dans PSYCHOSE avec scène du voyeurisme:

    Psychose d'A.Hitchcock, 1960

    Commentaire plus détaillé du tableau

    9)Norman Bates est inspiré du tueur en série ED GEIN:

    https://www.tueursenserie.org/ed-gein/

    10)Cours sur PSYCHOSE:

     

    11)Citation d'un ouvrage qui pourrait expliquer l'attitude de Norman Bates avec sa mère, pourtant morte:

    "Psychanalytiquement parlant, les démons désignent l'ensemble des états psychiques nous empêchant de vivre personnellement: tout ce qu'il y a d'étranger, tout ce qui parle à notre place dès que nous prenons la parole: la mère, le père, l'instituteur... Chacun de nous tient en réserve, tout prêts au creux de soi, les enregistrements magnétiques de son enfance, ceux qui se font sans cesse réentendre en se brouillant les uns les autres, ceux qui ne permettent jamais de dire "je", ou qui ne le tolèrent qu'à contre temps."

    La parole qui guérit, Drewermann, chapitre "psychanalyse ou exégèse".


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  • Extrait de Philomag:

     

    De Bacri à Bourdieu : le (dé)goût des autres ?

     Le Goût des autres est un  petit chef-d’œuvre qui achève de faire de Bacri le grognon le plus touchant de l’histoire du cinéma français.

     

    SYNOPSIS: Jean-Pierre Castella (Bacri), un chef d’entreprise autodidacte, rencontre Clara Devaux (Anne Alvaro), comédienne, entourée d’amis artistes. Choc des cultures, des goûts et des couleurs : il a de l’argent, elle a de la culture : capital économique contre capital culturel. Le concept de « capital » élaboré par le sociologue Pierre Bourdieu désigne l’ensemble de biens, mais aussi de connaissances valorisées socialement que possède un individu : s’y connaître en littérature et en art, avoir de « bonnes » manières, par exemple. On peut posséder un capital économique conséquent, être un bourgeois, sans avoir de capital culturel. C’est le cas du personnage de Jean-Pierre, qui fournit une illustration des thèses défendues dans l’ouvrage La Distinction de Bourdieu publié en 1979. L’argent ne suffit pas pour briller en société. Il faut avoir acquis ce « capital culturel ». Sinon, l’on devient maladroit, on manque de distinction : c’est le malaise social assuré.

    Ainsi, Jean-Pierre est charmé par la pièce Bérénice, dans laquelle Clara joue le rôle principal, mais il ne sait pas s’y prendre pour montrer son admiration : « Je n’aime pas le théâtre, mais vous c’était… parfait ». Il s’incruste au repas entre les acteurs et les amis de Clara. C’est lorsqu’il lance une série de blagues scatophiles que se joue le vrai drame. La comédienne consternée l’interrompt : « Pas avant de passer à table ». Avoir « de la culture », c’est savoir ce qu’est le bon goût, ce qui se fait, mais surtout ce qui ne se fait pas. « Les goûts, c’est le dégoût du goût des autres », affirme Bourdieu. Ce refus de l’humour « gras » et « facile » signifie selon Bourdieu, une « négation de la jouissance inférieure, grossière, vulgaire, vénale, servile, en un mot naturelle ». La bande d’artistes affirme à l’inverse la « supériorité de ceux qui savent se satisfaire des plaisirs sublimés, raffinés, désintéressés, gratuits, distingués, à jamais interdits aux simples profanes. ». À la fin de ce repas, c’est Bacri qui paie l’addition, au sens propre et figuré, car son argent ne rachète pas son inculture.

    Même si cette scène du repas est à elle seule une cruelle leçon de sociologie, la suite de ce même film permet au spectateur, comme à Clara, de prendre goût à cette maladresse, de la voir autrement que comme de la grossièreté. Dans tous les rôles de Bacri, on retrouve cette balourdise, cette incompétence à communiquer avec les autres qui le rend irritable. Toujours excédé, il ne fait jamais l’effort de paraître distingué, joyeux et « bien comme il faut ». Mais grâce à l’intelligence de son jeu, ou par le miracle de sa personnalité, l’éternel grognon devient aimable. Au-delà de toute interprétation sociologique, Bacri a rendu la maladresse touchante, presque poétique. « Cette gueule qui fait la gueule », on en redemandait encore.

     


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