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    Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

    L’importance des droits de la nature.

     

    V.

    1Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n'est 2pas défendu par ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire 3ce qu'elles n'ordonnent pas.

     

    VI.

     

    4La loi doit être l'expression de la volonté générale ; toutes les citoyennes et citoyens doivent 5concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour 6tous : toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également 7admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autre 8distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

    VII.

    9Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée et détenue dans les cas déterminés par la loi. 10Les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.

     

    VIII.

     

    11La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires et nul ne peut être 12puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée 13aux femmes.

    IX.

     14Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la loi.

     

    X.

     

    15Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales, la femme a le droit de monter 16sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune(1) pourvu que ses 17manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi.

     

    XI.

     

    18La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la 19femme puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute citoyenne 20peut donc dire librement : je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé 21barbare la force à dissimuler la vérité sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas 22déterminés par la loi.

     

    Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791.

    Vocabulaire 

    (1)Tribune : estrade d’où un orateur s’adresse à une assemblée.

     

    Grammaire

    1-Analysez la négation « nul ne peut être contraint » (l.2).

    2-Analysez la proposition (nature et fonction) de « ce qu’elles n’ordonnent pas. » (l.3). Remplacez -la par un nom.

    3-Analysez la négation « La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires » (l.11). Transformez la phrase à la forme affirmative.

    4-Analysez la proposition(nature et fonction) « pourvu que ces manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi » (l. 15-16). Reformulez cette proposition en utilisant un autre mot subordonnant qui soit synonyme.

     

     

    Correction de la lecture linéaire sur « l’importance des droits de la nature » pour Olympe de Gouges.

     

    Comment éviter la répétition d’Olympe de Gouges ?

    Figure féminine de la révolution française, défenseuse des droits de la femme, rédactrice…

     

    Introduction

    a)Contexte historique et littéraire : Ce texte, publié en 1791, peu après la révolution française, est un plaidoyer en faveur du droit des femmes durant le Siècle des Lumières dans lequel l’égalité devient un combat. Olympe de Gouges se réapproprie le discours juridique, dans une sympathie dénuée de complaisance. Loin de les considérer comme de simples victimes, elle insiste sur leur responsabilité. Elle souhaite la parité hommes-femmes qui consiste en un partage équitable des fonctions au sein de la vie politique et sociale. Ses revendications abordent des sujets aussi divers que l’éducation des filles, le divorce ou la légitimation des enfants naturels, conçus en dehors du mariage.

    b)Présentation du texte : Ce texte s’adresse à l’Assemblée nationale comme l’indique la phrase en italiques, précédant le préambule : « à décréter par l’Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature. »

    c)Mouvements du texte : Dans un premier mouvement, nous verrons comment Olympe de Gouges défend les lois de la nature et de la raison, ce qu’on peut appeler le droit naturel (l.1 à 8). Dans un second mouvement, nous montrerons combien l’égalité des deux sexes devant la loi (l.9 à 13). Enfin, dans un troisième mouvement, nous analyserons l’importance de la liberté d’expression et de pensée (l.14-20).

    d)Problématique : Comment ce texte, prenant une forme juridique, défend-il l’égalité entre l’homme et la femme, en se fondant sur le droit naturel ?

     

    Développement

    I-Le droit naturel implique une égalité entre les hommes et les femmes (l.1 à 8)

      Qu’est-ce que le droit naturel ? Le droit naturel s’oppose au droit positif qui se modifie en fonction de l’évolution des mœurs. Le droit naturel est l’ensemble des droits que chaque individu possède du fait de son appartenance à l'humanité et non du fait de la société dans laquelle il vit. Olympe de Gouges défend dans ce texte le droit naturel, car il comprend notamment le droit à la vie, à la santé, à la liberté et à la propriété. Il est inhérent à l'humanité, universel et inaltérable. Olympe de gouges fait référence à ce droit naturel à travers le groupe nominal « les lois de la nature et de la raison ». Elle qualifie ces lois de « sages et divines » montrant par là leur caractère universel et le fait qu'elles soient au-dessus des lois humaines. Le déterminant indéfini « toutes » pour déterminer « les actions nuisibles » renvoie à l’idée de totalité. Ces lois doivent être justes et s’opposer à toutes les actions mauvaises pour la société, sans exception. L’utilisation du pronom indéfini « nul » met en évidence le fait que personne ne peut être contraint par autre chose que ces lois naturelles. Il renferme donc un espace de liberté, notamment pour la femme qui est oppressée, le verbe « contraindre » est utilisé ici (l.2 : « nul ne peut être contraint »), car elle est soumise à un droit positif qui n’est pas un droit naturel (article V).

       L’utilisation du présent de vérité générale montre le caractère universel de ces lois édictées qui suivent la nature humaine : « La loi doit être l'expression de la volonté générale ; toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement, ou par leur représentant, à sa formation (…). » (l.4-5) Cette figure féminine de la révolution française insiste sur l’implication masculine et féminine de la création des lois. Cela se manifeste dans le texte par l’utilisation du féminin et du masculin dans l’emploi du mot « citoyens » : « toutes les citoyennes et les citoyens ». Notons que le féminin devant le masculin, alors que c’est généralement le contraire. Le déterminant indéfini « toutes » insiste sur la globalité.

      La notion d’égalité est également très présente : il s’agit de combattre et d’écrire pour l’égalité. L’utilisation du pronom indéfini « la même » (l.5) renvoie à la parité entre hommes et femmes, faisant écho au concept de « volonté générale » (l.4). La loi doit tenir compte de ce que chacun veut. L’adjectif « égaux » (l.6) renforce cette idée. Après avoir énoncé les lois dans les grandes lignes, la rédactrice introduit des exemples de parités : accès à toutes les dignités, à savoir à une fonction éminente comme celle de la politique ou des dirigeants, à des emplois prestigieux ; l’accès aux places et emplois publics, on songe alors à l’administration française avec une place dans l’instruction publique et dans les hôpitaux par exemple. Olympe de Gouges met en évidence l’importance d’éviter les discriminations et de se baser uniquement sur les vertus et les talents de chaque femme : les vertus renvoyant aux qualités morales, quand les talents font plutôt référence aux qualités intellectuelles ou intérieures.

     

    II-L’homme et la femme doivent être égaux devant la loi, sans discrimination (l.9 à 13)

       Olympe de Gouges insiste sur le fait que la femme ne doit pas avoir de traitement de faveur devant la loi : « Les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse. » (l.10). L’adverbe de comparaison « comme » favorise la mise en avant de ce lien d’égalité pour les bonnes comme les mauvaises actions. La loi protège tout le monde et peut aussi sanctionner ceux qui désobéissent. Les femmes doivent s’y conformer et accepter leurs droits comme leurs devoirs, sans vouloir s’y soustraire. En somme, tout le monde doit être logé à la même enseigne.

      Les lois ne doivent pas être arbitraires, c’est pourquoi elles doivent avoir été pensées avant la sanction : « nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit. » (l.11-12). Cette négation restrictive (ne…que) met en exergue l’adverbe « antérieurement ». On pourrait reformuler la phrase sous cette forme : une personne peut être punie uniquement en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit (avant l’infraction à la loi). Il ne s’agit pas d’inventer des lois au moment présent, mais de les avoir votées avant, pour suivre un idéal de justice. La notion de peines nécessaires est également défendue. Ce qui est nécessaire, c’est ce qui est essentiel. Il ne s’agit pas de punir pour de petites erreurs. C’est pourquoi il est important de réfléchir collectivement à la loi, afin qu’elle soit discutée et acceptée par l’ensemble de la communauté, en l’occurrence les hommes et les femmes. Chacun doit contribuer à la promulgation des lois et s’engager à les respecter ensuite.

     

    III-Défense de la liberté d’expression et de pensée (l.14 à 22)

       Olympe de Gouges défend la liberté de pensée qu’elle considère comme un droit fondamental : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales. » (l.14). Le parallélisme de construction  (=GN+ verbe au présent + COD) « la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également le droit de monter à la tribune » (l.14-15) insiste à nouveau dans la forme comme dans le fond sur la notion d’égalité dans le meilleur des cas comme « monter à la tribune », pouvoir s’exprimer librement en public, comme dans le pire des cas, « monter sur l’échafaud. » La rigueur de la loi, sévère est inflexible, s’applique dans tous les cas de figures. « Monter à la tribune » est un acte défendu, mais à une condition, émise par   : « pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi ». On pourrait remplacer la locution conjonctive « pourvu que » par « si » ou « dans la mesure où ». La prise de paroles ne doit pas entrainer de violences. La liberté possède les limites encadrées par la loi. S’exprimer publiquement n’est pas dénué de toutes contraintes.

        La liberté d’expression est considérée comme un droit supérieur comme l’indique le superlatif relatif « un des droits les plus précieux de la femme » (l.17). Le superlatif relatif « le plus précieux » exprime ici le degré le plus élevé des droits de la femme. Il est dit « relatif » car il est lié à la femme, comme l’indique ce complément de l’adjectif. Mais pourquoi cette importance? La proposition subordonnée circonstancielle de cause « puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers leurs enfants » l’explique. Une femme doit pouvoir dire librement qui est le père de son enfant, sans en avoir honte, sauf si la loi le lui interdit. Olympe de Gouges a elle-même été une enfant naturelle  (=enfant née hors mariage) d’un père qui ne l’a pas reconnue. Elle était la fille naturelle du Marquis Jean-Jacques de Pompignan. Celui-ci, après avoir été le parrain de sa mère, puis son compagnon de jeux, renouera avec la mère d’Olympe de Gouges et lui donnera un enfant. Son père biologique ne  reconnaitra pas Olympe de Gouges officiellement. Elle se bat donc pour que les enfants naturels puissent être reconnus par la société et pris en charge. Elle veut les mêmes droits pour tous les enfants, légitimes ou non. Elle souhaite que la vérité ne soit pas dissimulée, mais autorisée. Cette idée est exprimée dans la proposition subordonnée circonstancielle de concession : « sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité(…) » (l.20-21). Cette concession introduit une contradiction entre deux faits qui semblent pourtant liés par une relation de cause à effet. On doit pouvoir dire qui est le père, sans se l’interdire, sans avoir à dissimuler son identité.

     

    Conclusion

    a)Bilan : La notion d’égalité est très présente dans ce texte autant dans la forme que dans le fond. Le style épouse la cause défendue avec les parallélismes de construction et le lexique de l’égalité plutôt récurrent. Olympe de Gouges bâtit son argumentaire sur la notion de droit naturel qui a une portée universelle.

    b)Ouverture : Ce texte vise à donner un véritable statut juridique aux femmes. Cet appel à une vraie révolution juridique nécessite de la part de son auteure de l’audace et du courage. En 1791, moment où cette déclaration est écrite, la France est à la veille de la Terreur révolutionnaire. En 1793, toute contestation est étouffée. Fin 1792, Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, attaque violemment Marat et Robespierre (deux chefs révolutionnaires) dont elle souhaite publiquement la mort. Elle est alors condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire pour « écrits attentatoires à la souveraineté du peuple. » Elle sera alors guillotinée en 1793. Elle n’est pas exécutée pour ses idées féministes, mais après sa mort, un journal assure qu’elle a aussi été punie « pour avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe », en voulant « être homme d’Etat. »

    Cette déclaration des droits de la femme et la citoyenne particulièrement claire et incisive passe pourtant inaperçue durant la révolution française. Ce n’est qu’en 1986 qu’elle sera publiée dans son intégralité pour la première fois, grâce à la militante Benoite Groult qui a rédigé un livre sur Olympe de Gouges, intitulé : Ainsi soit Olympe de Gouges. L’introduction de son ouvrage a pour titre : « Olympe de Gouges la première féministe moderne ». Cette déclaration d’Olympe de Gouges est considérée aujourd’hui comme un discours féministe majeur.

     

    Pour aller plus loin :

    -Les femmes dans la révolution française (musée Carnavalet) :

    https://www.dailymotion.com/video/x2y2bnd

     

    Correction de la grammaire

    1-Analysez la négation « nul ne peut être contraint » (l.2).

    NUL est ici un pronom indéfini à valeur négative. Il s’emploie avec l’adverbe NE et a le sens d’AUCUN/PERSONNE. L’adverbe NE se trouve à gauche du verbe. NUL s’écrit en général au singulier, car il signifie « zéro ». On peut transformer cette phrase à la forme affirmative par : « quelqu’un peut être contraint ».


    Il s’agit d’une négation partielle, car lorsqu’on transforme la phrase à la forme affirmative, « nul » est remplacé par « quelqu’un » : quelqu’un peut être contraint. Le mot négatif est remplacé, il n’est pas effacé comme dans la négation totale.

     

    2-Analysez la proposition (nature et fonction) de « ce qu’elles n’ordonnent pas. » (l.3). Remplacez -la par un nom.

    Il s’agit d’une proposition subordonnée relative substantive qui a la fonction de COD. QUESTION : A faire quoi ? « ce qu’elles n’ordonnent pas. » On peut remplacer par : nul ne peut être contraint à faire cela sans l’ordre des lois. C’est parce qu’on peut remplacer par un GN qu’on parle de proposition subordonnée relative substantive.

     

    3-Analysez la négation « La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires » (l.11). Transformez la phrase à la forme affirmative.

    « ne…que » est une négation restrictive. On peut remplacer par : « La loi doit établir uniquement des peines strictement et évidemment nécessaires. »

     

    4-Analysez la proposition(nature et fonction) « pourvu que ces manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi » (l. 15-16). Reformulez cette proposition en utilisant un autre mot subordonnant qui soit synonyme.

    Il s’agit d’une proposition subordonnée d’hypothèse (nature), complément circonstanciel d’hypothèse (fonction). On peut remplacer par SI ou DANS LA MESURE Où : « si ces manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi »/ « dans la mesure où ces manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi. »

     

     


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  • Présentation de l’œuvre et de l’auteure : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

     

     

    Biographie d’Olympe de Gouges

     

      Mariée à 17 ans, mère puis veuve à 18 ans, Marie Gouze (1748-1793) prend alors le surnom d’Olympe de Gouges, quitte sa ville natale de Montauban avec son jeune fils, et part s’installer à Paris en compagnie d’un riche entrepreneur de transports militaires. Elle vit dans l’aisance grâce au soutien financier de celui-ci, qu’elle aurait refusé d’épouser, le mariage étant selon elle « le tombeau de l’amour et de la confiance ». Jugée très belle, elle a plusieurs liaisons, fréquente des hommes de lettres et des cercles mondains. Persuadée que les femmes ont les mêmes capacités que les hommes, elle se consacre ensuite à la littérature. Femme de lettres qui jouit d’une certaine notoriété, dès 1788 elle entre dans le débat public. Elle publie jusqu’à sa mort une soixantaine de pamphlets politiques (brochures, articles de presse, affiches), sans oublier plusieurs pièces révolutionnaires, sur le divorce (1790), les vœux forcés (1792) ou sur l’esclavage. Elle revient souvent sur l’injustice faite aux femmes dans l’espace familial, social, littéraire et politique, et pourfend l’absence d’égalité. Loin de penser, comme Madame Roland, que les femmes ne doivent pas « se montrer », elle signe ses textes, les envoie aux hommes politiques ou à l’Assemblée, se ruine en frais d’impression et de diffusion. Pour elle, rendre publiques ses idées est une façon de s’affirmer citoyenne.


      Politiquement, O. de Gouges est une modérée. Favorable à un pouvoir royal fort, elle déplore les désordres occasionnés par les révoltes. Et, même si elle est émue par la souffrance du « peuple infortuné », elle réprouve ses aspirations à l’égalité. S’étant rapprochée des Girondins fin 1792, elle attaque violemment Marat et Robespierre (Montagnards) dans un texte intitulé « les 3 urnes », dont elle souhaite publiquement la mort. En tant que girondine, elle est arrêtée le 20 juillet 1793, enfermée à la Conciergerie comme Marie-Antoinette et condamnée à mort le 2 novembre par le tribunal révolutionnaire pour « écrits attentatoires à la souveraineté du peuple ». Elle sera guillotinée sur l’actuelle place de la Concorde à Paris. Elle n’est pas exécutée pour ses idées féministes, mais après sa mort un journal assure qu’elle a aussi été punie « pour avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe » en voulant « être homme d’État », et invite les femmes à ne pas se mêler des affaires publiques...

     

    Extrait des « 3 urnes » d’Olympe de Gouges : (affiche publiée le 19 juillet 1793, texte qui conduisit ODG en prison, puis sur l’échafaud) « Quel est le mobile de vos dissensions, Français ? La mort du tyran. Eh bien, il est mort ! Tous les partis doivent tomber avec sa tête, et vos criminelles extravagances me retracent, malgré moi, le tableau des grandes révolutions: je le remets sous vos yeux, osez le fixer.[…]. Les Anglais, que vous vous efforcez si fort de singer, envoyèrent Charles ler sur 1'échafaud. Ce trait de justice ne put les affranchir de la tyrannie ; car Charles mourant perpétua la royauté en Angleterre : eh bien, Français, telle est notre position actuelle : Louis Capet est mort ; mais Louis Capet règne encore parmi vous ; ne vous le dissimulez plus, il est temps que le masque tombe, et que chacun de vous prononce librement, à visage découvert, s'il veut ou s'il ne veut pas la république ; il est temps d'arrêter cette guerre cruelle, qui n'a fait qu'engloutir vos trésors, moissonner votre plus brillante jeunesse. Le sang, hélas ! n'a que trop coulé !

      La république à la bouche et le royaume dans le cœur, vous armez département contre département ; peu vous importe quel sera le dénouement de ce drame sanglant, l'inconséquence et la 1égéreté de vos horribles dissimulations ne m'ont point échappé, et je veux, malgré vous, vous servir et vous sauver. 

      Un Dieu bienfaisant semble en ce moment m'inspirer. Oui, Français, il crie au fond de mon âme. Voici ce qu'il me dit, et retenez ces paroles : « Dissipe tes alarmes, le jour du bonheur et de la paix universelle n’est pas loin. Je m'intéresse à la masse des hommes, que j'ai placés, dans la nature, pour y vivre libres et égaux, et si j'ai parfois consenti que les grandes peuplades te donnassent un chef, c'était pour qu'il veillât sans cesse à leur bonheur, et non pour qu'il créât autour de lui, en anticipant sur mes droits sacrés, des castes d'hommes parasites, à charge de 1'Etat, et devenus privilégiés. Je ne sais par quel crime, en me faisant dire ce que je n'ai jamais pensé, les prêtres avaient subtilisé la moitié de la fortune publique, ni comment les nobles étaient parvenus à élever des palais, à côté de la paisible chaumière, et à insulter, par leur faste et leur dépravation, au laboureur indigent, au vertueux cultivateur, qui arrosait de ses fureurs et de ses larmes le champ qui nourrissait ces hommes orgueilleux et vains.

    « Oh ! que j'aime bien mieux la rustique droiture 

    Du laboureur, conduit par la simple Nature! 

    Sous des dehors grossiers, son coeur est généreux 

    C'est 1'or........ enseveli sous un terrain fangeux. » 

      Le crime a enfin lassé ma patience : j'ai frappé ces hordes sacrilèges ; j'ai remis les hommes au niveau de leurs droits ; j'ai commencé par la France; je ferai le tour du globe : je finirai par les Antipodes; mais je veux épurer mon essai : je veux écumer la Révolution française et, semblable à cette liqueur qui, après avoir été couverte longtemps des immondices de tous les esprits qui l’avaient composée, devient un nectar, aussi agréable que salutaire ; j’ai fait combattre le crime par le crime, pour frapper l’un par 1'autre ; il m'a fallu sacrifier de grandes victimes; mais c'est là mon secret. […].Trois urnes seront placées sur la table du Président de 1'assemblée, portant chacune d'elles cette inscription : Gouvernement républicain, un et indivisible, Gouvernement fédératif ; Gouvernement monarchique.[…]. »

     

    Article de GEO à lire : pourquoi ODG a-t-elle été guillotinée ?

    https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-olympe-de-gouges-a-t-elle-ete-guillotinee-207554

     



    Présentation des « droits de la femme et de la citoyenne »

      La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est datée de septembre 1791, quand est votée la constitution instituant une monarchie constitutionnelle (le pouvoir du monarque est limité par des lois fondamentales contrairement à la monarchie absolue). Ce n’est ni le seul ni le premier des écrits qui demandent l’égalité politique des deux sexes. Quelques femmes ainsi que Condorcet l’avaient fait avant. Mais le texte d’Olympe, qui appelle toutes les femmes à se réveiller et réclamer leurs droits naturels, est particulièrement percutant. Il reprend la forme de la Déclaration de 1789, sans en être pourtant un simple décalque. Déclinant les droits de l’homme au féminin, il articule ainsi universalité du genre humain et différence des sexes, et souligne l’ambiguïté d’un universalisme qui ne s’adresserait qu’à la moitié de l’humanité.

    La déclaration est refusée  par l’Assemblée nationale. Elle ne sera jamais adoptée, ni appliquée. 

     
    Les thèmes : le divorce, la reconnaissance des enfants illégitimes, le sort des mères célibataires, l’esclavage. 
    Réception de l’œuvre à l’époque : Le texte, particulièrement clair et incisif, passe pourtant inaperçu pendant la Révolution ; il n’est jamais cité, et ce sont ses autres écrits et interventions qui confèrent à l’auteure sa célébrité révolutionnaire.

    Elle adresse ce texte à Marie-Antoinette, la reine de France. 

    Publication du texte en son entier : Ce n’est qu’en 1986 que le texte a été publié dans son intégralité pour la première fois grâce à la militante Benoite Groult.

     

     

     

    Les thèmes de l’œuvre

    1)Egalité et légalité

    2)Des hommes tyranniques : dictature, défense du droit naturel (la nature passe par l’égalité entre les sexes), violence, injustice. Chercher dans les articles la justification de ces mots-clés.

    Qu’est-ce que le droit naturel ? Il s’oppose au droit positif qui est le droit en vigueur et qui peut changer en fonction de l’évolution des mœurs. Le droit naturel est celui que l’humanité possède en raison de son appartenance à l’humanité et non en fonction de la société. Le droit naturel comprend le droit à la vie, à la santé, à la liberté, comme le droit à la propriété (Locke : l’être humain, puisqu’il est libre, a le droit de récolter le fruit de son travail), la justice (Aristote).

     

    3)La condition des femmes : certaines femmes de l’Ancien Régime avaient une influence néfaste. Les femmes de société peuvent favoriser la dépravation des mœurs : « Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des mœurs, ce sont les femmes de la société. » Olympe de Gouges milite même pour que les prostituées (cf : « les femmes publiques » dans le postambule) soient protégées : « que les filles publiques fussent placées dans des quartiers désignés. »

     

    4)La restauration des mœurs : bonheur de tous, citoyenne (une femme qui s’intéresse à la construction de la cité de droit et y participe en montant à la tribune par exemple), rigueur morale, élever son âme, présence de femmes au gouvernement.

     

    5)Combat pour l’égalité juridique entre les sexes : O.de Gouges innove en se réappropriant le discours juridique. Elle se bat pour une égalité de droits entre l’homme et la femme.

     

    Le siècle des Lumières

    Dates importantes : 

    ·       1789 : la révolution française ; 

    ·       Roi au pouvoir qui sera guillotiné : Louis XVI, sa femme Marie-Antoinette (à qui O.de Gouges dédie son livre) ;

    ·       La création de l’Encyclopédie par Diderot et d’Alembert.

    Mots-clés pour le mouvement des Lumières : raison, savoir, liberté (contre l’esclavage, liberté d’expression), égalité, fraternité, lois (cf : L’Esprit des lois, Montesquieu, Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen), bonheur, critique des privilèges…

    D’autres textes défendant les femmes au siècle des Lumières : La Colonie de Marivaux (1750), pamphlet de Voltaire « femmes, soyez soumises à vos maris » (1759-1768) -défense de l’égalité sexuelle-…

     

    Genre du texte

    Un plaidoyer en faveur des femmes, un réquisitoire contre les inégalités. 

     

    Plusieurs genres sont utilisés : une lettre-dédicace à Marie-Antoinette, un texte polémique à l’égard des hommes (« Homme, es-tu capable d’être juste ? »), un discours officiel sous forme de déclaration.


    Vocabulaire de l’engagement : auteure engagée, écrit argumentatif, convaincre, persuader, plaidoyer (pour le droit des femmes), réquisitoire (contre les injustices).

     

    But ? Remédier aux injustices, provoquer un débat

     

    4 interlocuteurs : la reine Marie-Antoinette, les hommes, l’Assemblée nationale et les femmes.

     

     


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    1)Essai : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges, Belin Gallimard.

    ISBN : 979-10-358-0722-1 

     

    2)Le Discours de la servitude volontaire, La Boétie, Larousse, Petits classiques philosophie.

    ISBN : 978-2035913578 

     

    3)Mes forêts, Hélène Dorion (postface de Bruno Doucey), mars 2023.

    ISBN :

     

    4)L’arbre en poésie, Gallimard jeunesse (anthologie de poèmes)

    ISBN :   978-2075179416

     

    5)Achat du film Princesse Mononoké, Miyazaki.

     

    6)Honoré de Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, collection classiques et compagnie lycée, édition Hatier.

    ISBN : 978-2-401-08630-2.

     

    7) La Princesse de Montpensier, Madame de La Fayette, Bibliolycée.

    ISBN : 978-2013949835

     

    8)Achat du FILM La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier.

     

    9)On ne badine pas avec l’amour, Alfred de Musset, petits classiques Larousse.

    ISBN : 978-2-03-606332-7 

    + visionnage de la pièce sur l’ENT, plateforme Cyrano (mise en scène : Simon Eine). 

     

    10)Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand, classiques et compagnie lycée, HATIER, (avec un parcours : le héros tragique) 

    ISBN : 978-2-401-07852-9

     

    11)Film CYRANO DE BERGERAC, Rappeneau.

     

     

     

     


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