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Le bonheur consiste-t-il dans une vie vertueuse ou dans une vie de plaisir? (prolongement: les vertus dans l'Antiquité)
Extrait de Philosophie Magazine, article "La vertu au pouvoir":
Le bonheur consiste-t-il dans une vie vertueuse ou dans une vie de plaisir ? Tels étaient les termes du débat entre stoïciens et épicuriens. Cicéron penche plutôt pour les premiers. La vertu, en libérant l’homme des passions et de la crainte, lui permet d’être heureux. L’homme le plus riche du monde vit dans la crainte d’être assassiné pour sa fortune. Tel Damoclès, que le tyran Denys avait couvert de richesses tout en suspendant au-dessus de sa tête une épée ne tenant qu’à un fil afin qu’il éprouve ce qu’il ressentait lui-même : « Il n’y a pas de bonheur pour celui sur qui la crainte est toujours suspendue » (Tusculanes, V, 61-62). Seule la vie vertueuse délivre de la peur et des passions. Mais la vertu suffit-elle au bonheur ? Dans le livre V du traité Des fins, Cicéron rapporte la position des aristotéliciens : bien que la vertu assure le bonheur de l’âme, celui-ci n’atteint pas son plus haut degré si l’homme vit dans la douleur, la maladie et la pauvreté. Il faut donc faire une certaine place aux « biens extérieurs » : confort matériel, santé et absence de douleur. Toutefois, si les biens extérieurs peuvent rendre le bonheur plus intense, il ne peut dépendre d’eux. Cicéron lui-même n’admet guère qu’il puisse y avoir des degrés dans le bonheur. Dans les Tusculanes (V, 80), plus favorable aux thèses stoïciennes, il soutient que le sage, même soumis à des tortures, sera heureux, précisément parce que la vertu l’a délivré des passions, et donc de la crainte et de la douleur : « Le bonheur ira jusque dans les supplices. » Tel Diogène vivant dans un tonneau, le sage n’a besoin de rien, et lorsque Alexandre le Grand lui demanda de quoi il avait besoin, le cynique répondit : « Ôte-toi de mon soleil », car le monarque lui faisait de l’ombre.
Lien vers l'article:
https://www.philomag.com/les-idees/la-vertu-au-pouvoir-1618
Une vidéo sur les vertus et le stoïcisme dans l'Antiquité:
Prolongements:
1)Sur les vertus dans l'Antiquité et notamment le courage, lire cet article:
Rappel: les 4 vertus cardinales (de "cardo" en latin la voie principale) sont: la force d'âme (ou le courage), la justice, la tempérance et la prudence (capacité à délibérer, à suivre un conseil juste).
2)L'éthique des vertus:
https://biospraktikos.hypotheses.org/1258
3)Comment les vertus nous perfectionnent-elles?
https://fr.aleteia.org/2019/02/24/comment-les-vertus-nous-perfectionnent-elles/
Extrait de l'article:
Cette façon de concevoir les vertus est d’ailleurs très ancienne, provenant de la morale naturelle, puisqu’elle est déjà présente chez Pythagore et s’exprime ainsi, dans la bouche de Salomon : « Les labeurs de la sagesse produisent les vertus ; elle enseigne la tempérance et la prudence, la justice et la force, ce qu’il y a de plus utile aux hommes pendant la vie » (Livre de la Sagesse, VIII, 7). Nous y voilà : ce sont les quatre vertus cardinales.
La prudence sera la vertu de discernement, la béquille de la raison pour découvrir ce qui est bien et ensuite pour l’accomplir. La tempérance sera cette capacité à modérer les désirs et à maîtriser les instincts, à trouver ce juste équilibre qui est au centre de toute vie morale. La force, qui est courage, permet d’avancer et de résister aux tentations, d’affermir les résolutions et de dépasser les obstacles (son exercice est souvent chancelant hélas, d’où l’affaiblissement des vertus et la fuite des « bonnes résolutions ». Il faut s’en souvenir pendant le Carême…). Quant à la justice, elle est tournée vers autrui car elle est la volonté de donner ou de rendre à chacun ce qui lui est dû en toute équité.
3)Qu'est-ce que la vertu? D'Aristote au christianisme.
https://fr.aleteia.org/2019/02/09/quest-ce-que-la-vertu/
Extrait de l'article:
"L’habitus de la modération
Chez Aristote, la vertu est le résultat de la modération. Il distingue les vertus intellectuelles de sagesse, d’intelligence et prudence qui se rattachent à la partie rationnelle de l’âme, des vertus morales qui proviennent de la partie irrationnelle, l’âme désirante, qui est intermédiaire entre la première et l’âme végétative. Elle est capable, grâce à l’éducation, à l’habitus, de suivre la raison et donc de construire l’être humain et de le maintenir sur un juste chemin. Dans l’Éthique à Nicomaque, il affirme : « C’est en pratiquant les actions justes que nous devenons justes, les actions modérées que nous devenons modérés. » La vertu est donc essentiellement hexis, habitude, elle met de l’ordre dans les trois phénomènes de l’âme que sont les affections, les puissances et les dispositions. Les puissances permettent d’éprouver les affections, c’est-à-dire ce qui produit du plaisir et de la douleur, et les dispositions nous disent comment nous comporter vis-à-vis de ces affections, en discernant le bien du mal. La vertu sera œuvre de permanence grâce à un choix constant et volontaire. L’excellence sera dans une sorte de juste milieu entre l’excès et le défaut."
Exemple d'excès: la témérité (n'avoir peur de rien et donc parfois prendre des risques inconsidérés)
Exemple de défaut: la lâcheté.
Excellence: le courage (savoir vaincre ses peurs tout en mesurant les obstacles).
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