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Présentation d'Olympe de Gouges
Présentation de l’œuvre et de l’auteure : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Biographie d’Olympe de Gouges
Mariée à 17 ans, mère puis veuve à 18 ans, Marie Gouze (1748-1793) prend alors le surnom d’Olympe de Gouges, quitte sa ville natale de Montauban avec son jeune fils, et part s’installer à Paris en compagnie d’un riche entrepreneur de transports militaires. Elle vit dans l’aisance grâce au soutien financier de celui-ci, qu’elle aurait refusé d’épouser, le mariage étant selon elle « le tombeau de l’amour et de la confiance ». Jugée très belle, elle a plusieurs liaisons, fréquente des hommes de lettres et des cercles mondains. Persuadée que les femmes ont les mêmes capacités que les hommes, elle se consacre ensuite à la littérature. Femme de lettres qui jouit d’une certaine notoriété, dès 1788 elle entre dans le débat public. Elle publie jusqu’à sa mort une soixantaine de pamphlets politiques (brochures, articles de presse, affiches), sans oublier plusieurs pièces révolutionnaires, sur le divorce (1790), les vœux forcés (1792) ou sur l’esclavage. Elle revient souvent sur l’injustice faite aux femmes dans l’espace familial, social, littéraire et politique, et pourfend l’absence d’égalité. Loin de penser, comme Madame Roland, que les femmes ne doivent pas « se montrer », elle signe ses textes, les envoie aux hommes politiques ou à l’Assemblée, se ruine en frais d’impression et de diffusion. Pour elle, rendre publiques ses idées est une façon de s’affirmer citoyenne.
Politiquement, O. de Gouges est une modérée. Favorable à un pouvoir royal fort, elle déplore les désordres occasionnés par les révoltes. Et, même si elle est émue par la souffrance du « peuple infortuné », elle réprouve ses aspirations à l’égalité. S’étant rapprochée des Girondins fin 1792, elle attaque violemment Marat et Robespierre (Montagnards) dans un texte intitulé « les 3 urnes », dont elle souhaite publiquement la mort. En tant que girondine, elle est arrêtée le 20 juillet 1793, enfermée à la Conciergerie comme Marie-Antoinette et condamnée à mort le 2 novembre par le tribunal révolutionnaire pour « écrits attentatoires à la souveraineté du peuple ». Elle sera guillotinée sur l’actuelle place de la Concorde à Paris. Elle n’est pas exécutée pour ses idées féministes, mais après sa mort un journal assure qu’elle a aussi été punie « pour avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe » en voulant « être homme d’État », et invite les femmes à ne pas se mêler des affaires publiques...Extrait des « 3 urnes » d’Olympe de Gouges : (affiche publiée le 19 juillet 1793, texte qui conduisit ODG en prison, puis sur l’échafaud) « Quel est le mobile de vos dissensions, Français ? La mort du tyran. Eh bien, il est mort ! Tous les partis doivent tomber avec sa tête, et vos criminelles extravagances me retracent, malgré moi, le tableau des grandes révolutions: je le remets sous vos yeux, osez le fixer.[…]. Les Anglais, que vous vous efforcez si fort de singer, envoyèrent Charles ler sur 1'échafaud. Ce trait de justice ne put les affranchir de la tyrannie ; car Charles mourant perpétua la royauté en Angleterre : eh bien, Français, telle est notre position actuelle : Louis Capet est mort ; mais Louis Capet règne encore parmi vous ; ne vous le dissimulez plus, il est temps que le masque tombe, et que chacun de vous prononce librement, à visage découvert, s'il veut ou s'il ne veut pas la république ; il est temps d'arrêter cette guerre cruelle, qui n'a fait qu'engloutir vos trésors, moissonner votre plus brillante jeunesse. Le sang, hélas ! n'a que trop coulé !
La république à la bouche et le royaume dans le cœur, vous armez département contre département ; peu vous importe quel sera le dénouement de ce drame sanglant, l'inconséquence et la 1égéreté de vos horribles dissimulations ne m'ont point échappé, et je veux, malgré vous, vous servir et vous sauver.
Un Dieu bienfaisant semble en ce moment m'inspirer. Oui, Français, il crie au fond de mon âme. Voici ce qu'il me dit, et retenez ces paroles : « Dissipe tes alarmes, le jour du bonheur et de la paix universelle n’est pas loin. Je m'intéresse à la masse des hommes, que j'ai placés, dans la nature, pour y vivre libres et égaux, et si j'ai parfois consenti que les grandes peuplades te donnassent un chef, c'était pour qu'il veillât sans cesse à leur bonheur, et non pour qu'il créât autour de lui, en anticipant sur mes droits sacrés, des castes d'hommes parasites, à charge de 1'Etat, et devenus privilégiés. Je ne sais par quel crime, en me faisant dire ce que je n'ai jamais pensé, les prêtres avaient subtilisé la moitié de la fortune publique, ni comment les nobles étaient parvenus à élever des palais, à côté de la paisible chaumière, et à insulter, par leur faste et leur dépravation, au laboureur indigent, au vertueux cultivateur, qui arrosait de ses fureurs et de ses larmes le champ qui nourrissait ces hommes orgueilleux et vains.
« Oh ! que j'aime bien mieux la rustique droiture
Du laboureur, conduit par la simple Nature!
Sous des dehors grossiers, son coeur est généreux
C'est 1'or........ enseveli sous un terrain fangeux. »
Le crime a enfin lassé ma patience : j'ai frappé ces hordes sacrilèges ; j'ai remis les hommes au niveau de leurs droits ; j'ai commencé par la France; je ferai le tour du globe : je finirai par les Antipodes; mais je veux épurer mon essai : je veux écumer la Révolution française et, semblable à cette liqueur qui, après avoir été couverte longtemps des immondices de tous les esprits qui l’avaient composée, devient un nectar, aussi agréable que salutaire ; j’ai fait combattre le crime par le crime, pour frapper l’un par 1'autre ; il m'a fallu sacrifier de grandes victimes; mais c'est là mon secret. […].Trois urnes seront placées sur la table du Président de 1'assemblée, portant chacune d'elles cette inscription : Gouvernement républicain, un et indivisible, Gouvernement fédératif ; Gouvernement monarchique.[…]. »
Article de GEO à lire : pourquoi ODG a-t-elle été guillotinée ?
https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-olympe-de-gouges-a-t-elle-ete-guillotinee-207554
Présentation des « droits de la femme et de la citoyenne »La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est datée de septembre 1791, quand est votée la constitution instituant une monarchie constitutionnelle (le pouvoir du monarque est limité par des lois fondamentales contrairement à la monarchie absolue). Ce n’est ni le seul ni le premier des écrits qui demandent l’égalité politique des deux sexes. Quelques femmes ainsi que Condorcet l’avaient fait avant. Mais le texte d’Olympe, qui appelle toutes les femmes à se réveiller et réclamer leurs droits naturels, est particulièrement percutant. Il reprend la forme de la Déclaration de 1789, sans en être pourtant un simple décalque. Déclinant les droits de l’homme au féminin, il articule ainsi universalité du genre humain et différence des sexes, et souligne l’ambiguïté d’un universalisme qui ne s’adresserait qu’à la moitié de l’humanité.
La déclaration est refusée par l’Assemblée nationale. Elle ne sera jamais adoptée, ni appliquée.
Les thèmes : le divorce, la reconnaissance des enfants illégitimes, le sort des mères célibataires, l’esclavage.
Réception de l’œuvre à l’époque : Le texte, particulièrement clair et incisif, passe pourtant inaperçu pendant la Révolution ; il n’est jamais cité, et ce sont ses autres écrits et interventions qui confèrent à l’auteure sa célébrité révolutionnaire.Elle adresse ce texte à Marie-Antoinette, la reine de France.
Publication du texte en son entier : Ce n’est qu’en 1986 que le texte a été publié dans son intégralité pour la première fois grâce à la militante Benoite Groult.
Les thèmes de l’œuvre
1)Egalité et légalité
2)Des hommes tyranniques : dictature, défense du droit naturel (la nature passe par l’égalité entre les sexes), violence, injustice. Chercher dans les articles la justification de ces mots-clés.
Qu’est-ce que le droit naturel ? Il s’oppose au droit positif qui est le droit en vigueur et qui peut changer en fonction de l’évolution des mœurs. Le droit naturel est celui que l’humanité possède en raison de son appartenance à l’humanité et non en fonction de la société. Le droit naturel comprend le droit à la vie, à la santé, à la liberté, comme le droit à la propriété (Locke : l’être humain, puisqu’il est libre, a le droit de récolter le fruit de son travail), la justice (Aristote).
3)La condition des femmes : certaines femmes de l’Ancien Régime avaient une influence néfaste. Les femmes de société peuvent favoriser la dépravation des mœurs : « Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des mœurs, ce sont les femmes de la société. » Olympe de Gouges milite même pour que les prostituées (cf : « les femmes publiques » dans le postambule) soient protégées : « que les filles publiques fussent placées dans des quartiers désignés. »
4)La restauration des mœurs : bonheur de tous, citoyenne (une femme qui s’intéresse à la construction de la cité de droit et y participe en montant à la tribune par exemple), rigueur morale, élever son âme, présence de femmes au gouvernement.
5)Combat pour l’égalité juridique entre les sexes : O.de Gouges innove en se réappropriant le discours juridique. Elle se bat pour une égalité de droits entre l’homme et la femme.
Le siècle des Lumières
Dates importantes :
· 1789 : la révolution française ;
· Roi au pouvoir qui sera guillotiné : Louis XVI, sa femme Marie-Antoinette (à qui O.de Gouges dédie son livre) ;
· La création de l’Encyclopédie par Diderot et d’Alembert.
Mots-clés pour le mouvement des Lumières : raison, savoir, liberté (contre l’esclavage, liberté d’expression), égalité, fraternité, lois (cf : L’Esprit des lois, Montesquieu, Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen), bonheur, critique des privilèges…
D’autres textes défendant les femmes au siècle des Lumières : La Colonie de Marivaux (1750), pamphlet de Voltaire « femmes, soyez soumises à vos maris » (1759-1768) -défense de l’égalité sexuelle-…
Genre du texte
Un plaidoyer en faveur des femmes, un réquisitoire contre les inégalités.
Plusieurs genres sont utilisés : une lettre-dédicace à Marie-Antoinette, un texte polémique à l’égard des hommes (« Homme, es-tu capable d’être juste ? »), un discours officiel sous forme de déclaration.
Vocabulaire de l’engagement : auteure engagée, écrit argumentatif, convaincre, persuader, plaidoyer (pour le droit des femmes), réquisitoire (contre les injustices).But ? Remédier aux injustices, provoquer un débat
4 interlocuteurs : la reine Marie-Antoinette, les hommes, l’Assemblée nationale et les femmes.
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