Résumé du film, réalisé à partir d'un article du Figaro:

  La Vérité raconte l'histoire de la jeune Dominique Marceau (Brigitte Bardot) jugée en cour d'assises pour l'assassinat de son amant, Gilbert Tellier (Sami Frey). Venue d'une famille de la bourgeoisie provinciale, Dominique est arrivée à Paris avec sa soeur aînée Annie (la regrettée Marie-José Nat), mais pas dans les mêmes conditions. La sage Annie, va suivre des études de violon au conservatoire avec la bénédiction de leurs parents, alors que Dominique, paresseuse, indocile, toujours dépréciée, les oblige à la laisser partir en faisant une tentative de suicide.

   À Paris, logées dans la même chambre, les deux soeurs sont plus incompatibles que jamais. La brune Annie, studieuse et ordonnée, la blonde Dominique vagabondant sans but dans la capitale, jouant de ses charmes avec une ingénuité sensuelle. 

   Leur antagonisme va se transformer en rivalité autour d'un homme Gilbert Tellier (Sami Frey). Une jalousie mortelle. Ami d'Annie, ce jeune chef d'orchestre à l'aube de sa carrière tombe fou amoureux de Dominique, qui est pourtant si peu son genre. Et elle aussi se met à l'aimer... 

   Le récit se construit alternativement entre la reconstitution des faits menée au tribunal, sur laquelle se basera le verdict des jurés, et les flash-back évoquant la vie de Dominique sur le mode romanesque. La mise en scène de Clouzot joue puissamment de ce contraste : d'un côté le décor pompeux du tribunal, théâtre sévère de la logique judiciaire, de l'autre le cinéma à l'air libre, le foisonnement existentiel, le tourbillon de la jeunesse du Quartier latin avec ses personnages erratiques (on songe aux Tricheurs de Marcel Carné). Au tribunal, cela donne lieu à un duel fascinant entre l'avocat de la défense, Charles Vanel, qui plaide le crime passionnel, fait ressortir les sentiments, en appelle à l'humanité, et l'avocat de la partie civile, Paul Meurisse, qui démontre la préméditation avec un cynisme brillamment glacial.

    Clouzot a l'art de faire ressortir toutes les facettes contradictoires de la jeune star, sa beauté sensuelle, sa légèreté, son amoralité insouciante, sa façon capricieuse, parfois presque perverse, de se couler dans l'instant. Mais également sa gravité secrète, son dédain du mensonge et du conformisme, son exigence absolue devant l'amour. Le verdict ne tombera pas : Dominique Marceau échappe au jugement des hommes. Henri-Georges Clouzot remet la vérité à un meilleur juge.