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Sur Samuel Beckett, par le comédien Michael Lonsdale
Voici de très belles remarques de Michael Lonsdale sur le dramaturge Samuel Beckett, extraites d'une interview qu'il a donnée au Magazine littéraire:
"Beckett d'abord. Après sa mort, j'ai relu tout ce qu'il a écrit. J'ai compris qu'il ne parlait que des pauvres, des fous, des clodos, des détraqués, des rejetés de la société, alors que, depuis des siècles, le théâtre nous faisait vivre certes des situations tragiques, mais auprès de rois, de puissants. Sans son humour, ce serait intenable. Sa compassion pour l'humanité est incroyable. Je l'ai bien connu dans sa vie privée : discrètement, il aidait les gens, les secourait lorsqu'ils étaient malades. Sa femme l'ayant fichu dehors à cause de leurs disputes, il vivait dans une maison de retraite tout près de chez lui ; mais, quand elle est morte, il a préféré rester « parmi [ses] semblables », disait-il, au lieu de rentrer chez lui. Jusqu'à la fin, il faisait les courses pour un couple qui ne pouvait plus se déplacer. La générosité de cet homme ! Dès lors que l'on essaie de sauver les gens, c'est de l'ordre de l'amour, donc Dieu est là. Mais, de tout cela, on ne parlait pas en marge des répétitions. Pourtant j'ai créé Comédie, dont on peut associer la diction à celle des monastères. Recto tono ! Une vitesse de mitrailleuse ! Sans inflexion ni psychologie. Une machine ! Même si son inspiration pouvait être picturale, le Caravage surtout, qu'il allait voir en Allemagne. En attendant Godot est né de la vision d'un tableau."
Article: Michael Lonsdale: «Ce qui me plaît chez Péguy, c'est la recherche de la vérité»
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