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Par Christelle Bouley le 20 Mars 2019 à 14:16
Extrait d'une interview donnée dans "Philosophie magazine", tiré du dossier: "Qu'est-ce qu'une saine colère?"
Réponses données par le philosophe indient, Pankaj Mishra (9/01/2019).
De Daech au Brexit, de l’élection de Trump au développement du nationalisme en Inde ou en Russie, un même processus est à l’œuvre que vous n’hésitez pas à appeler une « guerre civile mondiale » – une guerre civile « mentale » et « intime » autant que sociale et politique. Que voulez-vous dire ?
"Nous sommes face à un étrange désordre psychique qui a été très tôt diagnostiqué par Rousseau lorsqu’il craignait l’avènement d’une société régie par l’intérêt individuel et gangrenée par l’envie, l’insatisfaction et la vanité. Ce sont ces pathologies qui se combinent pour former une guerre civile de basse intensité." Pankaj Mishra
Vous vous appuyez aussi sur Dostoïevski pour penser la colère. Vous revenez sur le voyage qu’il a fait à Londres, en 1862, à l’occasion de la première Exposition universelle, et où il fut impressionné par le Crystal Palace, un gigantesque bâtiment de fer et de verre à la gloire du nouveau monde industriel et commercial, qu’il considérait comme un effrayant symbole de la modernité.
Le Crystal Palace incarnait pour lui l’utopie démoniaque de cette société matérialiste et « rationnelle » où les individus ne suivent que leurs intérêts égoïstes et cherchent à s’approprier une part du butin de la croissance. Il était conscient que, dans les pays arriérés comme la Russie, de plus en plus de gens, obnubilés par les idées occidentales, allaient être attirés par ce Crystal Palace, mais que seuls quelques-uns pourraient y avoir accès. Pleins de ressentiment, les perdants pourraient vouloir prendre leur revanche dans la violence purement destructrice et le chaos. C’est la figure de l’homme du sous-sol, qui se sent superflu, éduqué dans la croyance en ses droits, ébloui par la modernité, mais qui fait ensuite l’expérience de son impuissance et veut prendre sa revanche. Dostoïevski a anticipé le cheminement de tous ces révoltés, des anarchistes aux terroristes, qui ont opté pour la violence et la destruction. Pankaj Mishra
Comment percevez-vous le mouvement social initié par les « gilets jaunes » en France, où l’expression de la colère a joué un rôle décisif ?
Et le peuple a le sentiment d’avoir été mal traité par les classes dirigeantes. Ce n’est pas qu’une question d’inégalités mais aussi de manières. Comme Voltaire face à Rousseau, Macron apparaît comme ce représentant de l’élite arrogante, déconnectée des aspirations du peuple et qui prétend moderniser la société par en haut. Il partage avec Voltaire la croyance que des autocrates éclairés peuvent décider de la forme que doit prendre la société, une croyance qui témoigne d’un mépris pour les gens ordinaires. Par ailleurs, il a paru beaucoup plus investi dans son image internationale et dans la rénovation de sa résidence. Cela met en rage les gens, bien plus que le fait de l’inégalité avec lequel ils avaient appris à vivre.
Auteur de: L’Âge de la colère. Une histoire du présent / Pankaj Mishra / Zulma / 544 p. / 22 € / En librairie le 4 avril.
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Par Christelle Bouley le 9 Mars 2019 à 14:28
"L’improvisation dans l’art de la parole est un autre terme pour le lâcher-prise. Une façon d’être centré(e) sur soi-même et son propos tout en étant disponible à l’autre, en alerte, dans la fraîcheur d’une première fois, toujours prêt à s’adapter et à rebondir."
Extrait de Sciences humaines,
Cyril Delhay
Professeur d’art oratoire à l’IEP-Paris, il publiera chez Dalloz Les 10 lois de l’art oratoire en mars 2019.
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Par Christelle Bouley le 9 Mars 2019 à 14:05
Définition de la mondialisation:
"La mondialisation actuelle, ce « processus géohistorique d’extension progressive du capitalisme à l’échelle planétaire », selon la formule de Laurent Carroué (3), est à la fois une idéologie – le libéralisme –, une monnaie – le dollar –, un outil – le capitalisme –, un système politique – la démocratie –, une langue – l’anglais."
"La mondialisation renforce donc les inégalités. Sur un plan spatial, puisque l’accentuation de la rugosité de l’espace s’observe à toutes les échelles : planétaire, régionale, nationale, locale. Mais aussi sur le plan social : l’écart entre ceux qui peuvent saisir les opportunités offertes par la mondialisation et ceux qui ne trouvent pas leur place, entre riches et pauvres, se creuse à toutes les échelles. Un cinquième de l’humanité seulement consomme (et produit) les quatre cinquièmes des richesses mondiales. Sans régulateur, la mondialisation engendre la marginalisation des plus faibles et la prolifération des activités illicites, voire criminelles. Sans contre-pouvoir, le capitalisme finit par aboutir à des situations de concentration et de monopole qui ruinent la concurrence et remettent en question les mécanismes du marché. Face à ces logiques comme à l’émergence de multiples passagers clandestins, il faut des régulateurs."
Extrait d'un article de "Sciences humaines", mars 2007 de :
Sylvie Brunel
Géographe et économiste, professeure des universités à l’université Paul-Valéry de Montpellier et à l’IEP-Paris, elle a publié, entre autres, La Planète disneylandisée. Chronique d’un tour du monde, éd. Sciences Humaines, 2006 ; Le Développement durable, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2004 ; L’Afrique, Bréal, 2003.
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Par Christelle Bouley le 18 Janvier 2019 à 13:20
Marc Allégret réalise en 1938 « Entrée des Artistes », un grand classique du cinéma français d’avant la guerre» avec la collaboration de Henri Janson aux dialogues, André Cayatte et Henri Janson au scénario.
Marc Allégret nous fait découvrir l'ambiance d'un conservatoire, les élèves, leurs espoirs et désespoirs, leurs amours, leurs jalousies. A travers l'intrigue de ces amours contrariées : François, Isabelle et Cécilia sont élèves au conservatoire d'art dramatique. Cécilia est amoureuse de François, mais il aime Isabelle. Désespérée mais lucide, Cécilia se suicide en s'arrangeant pour faire croire à un meurtre commis par François...
Superbes acteurs, scénario ficelé, magistrale leçon de théâtre donnée par Louis Jouvet à Bernard Blier. La passion du théâtre de Jouvet l’a poussé à jouer son propre rôle de professeur de théâtre du Conservatoire.
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Par Christelle Bouley le 18 Janvier 2019 à 13:02
Très belle citation sur la vie et le théâtre, extraite de l'oeuvre de William Shakespeare, rappelant le spectacle dans le spectacle:
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