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    Le destin extraordinaire de Mahomet: analyse du film LE MESSAGE de Moustapha Akkad (1976)

    • Synopsis

     

    Genre: film historique religieux (1976)

       Film réalisé en 1976, "Le message", décrit la vie du prophète de l'Islam: Mahomet. De 610 à 632, cette vaste fresque disposant d'énormes moyens techniques raconte la naissance et les premiers développements de l'Islam, dans le plus pur respect de l'aniconisme (=c'est l'absence de représentations matérielles du monde naturel et surnaturel dans différentes cultures, en particulier  dans certaines religions monothéistes) de la tradition musulmane . Mahomet n'est jamais représenté (=aniconisme) et lorsqu'un personnage s'adresse à lui, il se tourne plus ou moins vers la caméra. Le même traitement est d'ailleurs appliqué également à Ali ibn Abi Talib qui '"apparaît" dans le film. En 610, le prophète Mahomet a 40 ans et il prêche le Coran qui lui aurait été dicté par l'ange Gabriel:  l'égalité entre l'homme et la femme, l'égalité entre le maitre et l'esclave (il est donc contre l'esclavage), la volonté d'arrêter d'enterrer les petites filles vivantes (tradition qui se pratiquait à cette époque). Finalement, on apprend que le prophète apporte beaucoup d'humanité dans un monde dominé par les idoles et la cruauté. Il suffit de voir comment ses fidèles sont massacrés. La violence de certaines images comme l'écartèlement d'une femme le rappelle. Le prophète bouleverse l'ordre établi, c'est ce qui lui vaudra la persécution par les marchands de La Mecque. Il dérange les puissants.

      C'est l'histoire de l'Islam que raconte ce film, commencée à la Mecque en 610, avec les premiers enseignements de Mahomet, ses révélations, la persécution des disciples, son bannissement, son accueil à Médine, le pèlerinage à la Mecque, la conquête de la ville, la destruction des idoles et sa mort en 632. Cette reconstitution est fidèle aux événements, en tout cas tels que les rapporte la tradition musulmane ; il s'agit bien d'une superproduction religieuse (tournée en Panavision), comparable aux films américains tels que Les Dix Commandements de Cecil B De Mille (1958).

    • Le réception du film

         Le réalisateur rencontre pendant la préparation du film et son tournage, comme d'ailleurs dans son exploitation en salles, deux écueils contradictoires. D'une part, les studios d'Hollywood sont réticents à produire un film sur les origines de l'Islam et il doit le faire avec des capitaux koweitiens et saoudiens (et libyens, marocains, libanais) ; les spectateurs américains et européens peuvent être déroutés par l'utilisation très fréquente de la caméra subjective, un scénario qui veut embrasser en 177 minutes beaucoup d'aspects, et communiquer autre chose que la figure traditionnelle au mieux inquiétante du combattant musulman. D'autre part, malgré le respect de l'aniconisme, le réalisateur s'appuyant sur des savants musulmans au point de le faire approuver par l'Université al-Azhar (se situant au Caire, en Egypte), le film reçoit un accueil hostile de la part d'autorités religieuses, car il représente tout de même les Compagnons du prophète. Il est dénigré dans certains pays (Il ne passe jamais à la télévision dans les pays musulmans à forte population musulmane, sauf en Turquie, en Algérie et en Tunisie) et reste interdit en Arabie Saoudite où de toute manière la production cinématographique est soumise à une très forte censure.

    Lors de la sortie du Message aux États-Unis, le 9 mars 1977, un groupe armé de douze militants afro-américains se proclamant « musulmans hanafis » et revendiquant notamment la destruction du film qu'ils considèrent comme « sacrilège », prend 149 personnes en otages dans trois bâtiments à Washington. La prise d'otages dure 39 heures et fait un (ou deux) mort(s) et douze blessés.

       Le film, tourné en deux versions, dans chacune pour certains rôles par des acteurs différents, une version en langue anglaise et une version en langue arabe, constitue pour le réalisateur une tentative d'établir un "pont" entre la civilisation musulmane et l'Occident. Il déclare : "J'ai fait ce film car il représente un enjeu personnel. En outre, sa production est intéressante, il y a une histoire, une intrigue, une force dramatique. En tant que musulman vivant en Occident, je considère que c'est mon devoir de dire la vérité sur l'islam. C'est une religion qui comporte 700 millions de fidèles, et pourtant, on en sait si peu à son propos que s'en est surprenant. J'ai pensé que raconter cette histoire pouvait créer un pont avec l'Occident.

     

    Ceux qui ont vu les deux versions estiment souvent que la version arabe est la meilleure. Très bien accueilli de nos jours par ceux qui désirent connaître l'Islam et ceux qui recherchent des films soucieux de la réalité historique et religieuse, il bénéficie d'une très bonne critique et sa sortie en DVD est l'occasion d'amplifier sa diffusion tant dans le public musulman que dans le public européen. A tel point qu'un remake est envisagé depuis 2008, année où le réalisateur fut tué tragiquement lors d'un attentat suicide, par le producteur Oscar ZOGHBI, qui avait déjà travaillé sur l'original. Mais l'actualité rend pour l'instant difficile la réalisation de ce projet.

    • Qui est Mustapha Akkad, le réalisateur?

    Il est né en Syrie, à Alep en 1930 et mort en Jordanie en 2005. Il devient producteur et réalisateur de film américain. Il s'est formé à l'université de Californie à Los Angeles. Il meurt dans les attentats-suicide d'Amman en Jordanie (trois hôtels de la capitale ont été visés).

    Mustapha Akkad est également connu pour avoir réalisé "Le Lion du désert" (critique de la colonisation italienne en Lybie).

     

    • En quoi l'histoire de Mahomet est-elle extraordinaire?

      Mahomet a révolutionné les traditions à son époque. Les gens croyaient en plusieurs Dieux, ils étaient polythéistes, il a réussi peu à peu à ce qu'ils deviennent monothéistes. Ses fidèles ont été accueillis par le roi chrétien d'Abyssinie (le Négus) qui les a protégés, alors qu'ils étaient persécutés à La Mecque. Ils purent jouir de la paix pendant quelque temps. C'est Mahomet qui leur avait conseillé d'aller se réfugier chez ce roi considéré comme bon et juste qui croyait lui aussi en un seul Dieu. Ils y restèrent jusqu'à ce que Mahomet émigra à Médine.

      Lorsque Jafar leur récita une partie du Coran, Le Négus pleura au point de tremper sa barbe. Ses prêtres pleurèrent également lorsqu’ils entendirent la récitation de Ja`far et dirent : « Ces paroles émanent de la même source que les paroles de notre maître Jésus Christ. » Le Négus ajouta : « Ceci et ce que Moïse a apporté sortent d’une seule et même niche. » Il se tourna vers les deux émissaires de Quraysh et leur dit : « Partez ! Par Dieu, jamais je ne vous les livrerai. » On découvre donc que musulmans et chrétiens ont été amis et que les uns ont protégé les autres.

      Par ailleurs, Mahomet est le dernier prophète envoyé par Dieu, après Moïse (pour les Juifs) et Jésus (pour les Chrétiens). Il est donc important dans l'histoire des religions.

      En 2010, le nombre de musulmans dans le monde s'élève à 1,6 milliards de personnes (face à 2,2 milliards de chrétiens). L'Islam est donc pratiqué par 23% de la population mondiale. On peut donc dire que Mahomet a eu une influence sur la pensée religieuse qui a perduré, ce qui est évidemment extraordinaire.

     

    Fiche technique du film

    • Titre original : الرسالة, Al Rissalah
    • Titre anglais : The Message
    • Titre français : Le Message
    • Réalisation : Moustapha Akkad
    • Scénario : H.A.L. Craig, Jawdat El-Sahhar, Rahman El-Sharkawi, Mohammad Ali Maher, Tewfik El-Hakim (en)
    • Production : Moustapha Akkad, Harold Buck, Mohammad Sanousi
    • Société de production : Filmco International Productions
    • Distribution : Filmco International Productions Inc.
    • Direction artistique : Norman Dorme, Abdel Moneim Shoukry
    • Photographie : Said Baker, Jack Hildyard, Ibrahim Salem
    • Musique : Maurice Jarre
    • Montage : John Bloom
    • Décors : Maurice Fowler, Tambi Larsen
    • Costumes : Phyllis Dalton
    • Langue : Arabe / Anglais (existe en deux versions)
    • Pays : Royaume-Uni, Liban, Libye, Koweït, Maroc
    • Genre : Historique, religieux
    • Format : Couleurs - 35 mm - 2,35:1 - Mono
    • Budget : 10 000 000 $ (estimation)
    • Box-office : 15 000 000 $
    • Durée : 171 minutes / 198 minutes (version arabe)
    • Dates de sortie :

     

     


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  • Vous découvrirez dans cette vidéo pourquoi Erasme fut considéré comme l'un des plus grands écrivains humanistes de son temps avec Montaigne, La Boétie et Rabelais.Erasme fut par exemple un fervent défenseur de la liberté et de la paix, dans une période de guerre de religion très violente où les protestants et les catholiques se sont livré des combats sanguinaires. Martin Luther, chef de file de la réforme protestante en Allemagne puis en Europe, était un révolutionnaire qu'Erasme n'a jamais suivi sur la forme, même s'il reconnaissait que les indulgences n'étaient pas acceptables et qu'il fallait réformer l'église catholique. Erasme a toujours refusé la violence pour régler les problèmes.

     

    Vidéo de 13 minutes:

     

    QCM pour s'entrainer sur cette vidéo. ATTENTION! Plusieurs réponses sont possibles. Il faut donc toutes les cocher pour avoir la bonne réponse. Cela est indiqué au début de chaque question. Regardez bien!

     


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  • Peut-on fabriquer des être humains et quelles conséquences éthiques (morales) cela pourrait-il avoir? L'homme deviendrait-il un objet?


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  • Vous verrez dans cette vidéo que la princesse, non seulement éprouve une passion contre laquelle elle ne peut pas lutter, ce qui l'entraine dans la tragédie (à savoir la mort à la fin de la nouvelle: "ce fut un coup mortel."), mais qu'elle suscite aussi des passions par son caractère (ses qualités intérieures) couplée à sa grande beauté, son charme irrésistible ("une des plus belles princesses du monde"). L'histoire commence comme un conte de fée (elle aime De Guise et en est aimé. Elle doit se marier avec lui.) et se termine de façon tragique.

     

    Le Duc de Guise se tourne vers une autre maitresse, tant l'approche de la princesse est difficile. Elle se sent abandonnée et meurt. Le film de Tavernier ne choisit pas cette fin tragique. Il ne parle pas de la mort de la princesse et a tendance à adoucir l'aspect tragique de la nouvelle. On a plutôt l'impression qu'elle se retire du monde lorsqu'on la voit de dos dans l'arc d'un couvent (très beau photogramme). Son visage est également filmé devant une étendue de neige, symbolisant la pureté de ses sentiments pour De Guise.

     

     

    Photogrammes du film de Tavernier pour une analyse plus poussée des scènes:

     


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