Selon vous, la notion d'événement a-t-elle encore un sens dans notre société dominée par la communication et les médias ?

 

Analyse des mots-clés :

-événement : fait important, qui sort de l'ordinaire.

 

Questions sous-jacentes :

Les médias ne relatant que des faits sensationnels, la notion d'événement a-t-elle encore un sens ? (problématique possible).En réalité, un fait important se distingue d'actions secondaires. Or, les médias n'évoquant que des moments étonnants ne rendent-ils pas les événements sans importance, puisqu'il n'y a plus d'échelle de valeur ? La superposition des événements sans contraste rend caduque (=périmée) la notion même de fait marquant.

 

Introduction

a)Accroche ou amorce : Notre société est aujourd'hui saturée d'informations. Les canaux d'informations sont multiples : radio, télévision, journaux, internet. Ainsi, tous les événements nationaux et internationaux sont facilement consultables en un simple clic grâce à la tablette ou au téléphone portable, qui comme son nom l'indique est mobile et nous suit partout.

b)Reformulation du sujet : En réalité, un fait important se distingue d'actions secondaires. Or, les médias n'évoquant que des moments étonnants ne rendent-ils pas les événements sans importance, puisqu'il n'y a plus d'échelle de valeur ?

c)Problématique : Les médias ne relatant que des faits sensationnels, la notion d'événement a-t-elle encore un sens ?

d)Annonce du plan

 

Développement

 

I-Tous les faits relatés dans les médias semblent être des événements : comment faire la part des choses ? Les informations que nous recevons sont-elles de qualité ?

a)L'événement à portée de main

Dans des domaines aussi variés que le sport, la politique, l'économie ou le social, tout ce qui est relaté dans les médias semble être important, car il s'agit de faire sensation, de créer l'émotion chez le télespectateur ou l'internaute (arg.). Fin 2015, 58% des Français étaient équipés de smartphones, mais le chiffre monte à 90% pour les 18-24 ans(ex.). Avec les tablettes ou les smartphones, tout le monde peut recevoir l'information chez lui, à n'importe quelle heure de la journée et en direct. Les gens aiment écouter des faits extraordinaires qu'ils soient positifs et négatifs. Ils veulent pimenter leur quotidien, en allant chercher des informations dans de nombreux domaines et même dans la vie privée des stars, sans se soucier de la qualité de l'information donnée (ex.commenté).

b)Des événements qui deviennent presque banals par absence de réflexion et d'information vérifiée

C'est bien ce que reproche Pierre Nora à la machine médiatique : créer du sensationnel à tous prix, inventer toujours du nouveau, sans se soucier de la qualité de la réception, argument soutenu par Marc Lits lorsqu'il commente le 11 septembre 2001 et regrette que l'émotion précède une lecture raisonnée de l'information (référence tirée des textes du corpus).

 

II-L'éphémère de l'événement contemporain

 

a)La rapidité des informations qui se suppriment

L'événement contemporain est entré dans l'ère de l'éphémère. Les faits marquants se succèdent avant même que nous puissions les commenter. Ils surgissent rapidement, sans même que nous ayons le temps de nous y attarder. Songeons à l'euro 2016 qui a été rapidement oublié par les attentats de Nice. A l'euphorie de notre réussite à cette coupe de football a succédé la tristesse des attentats où 85 personnes sont mortes. Cela a ravivé les blessures du terrorisme.

 

b)L'absence de filtre dans les informations qui nous sont communiquées

La multiplication des médias a supprimé tout filtre. Les événements foisonnent, se succèdent. C'est pourquoi la plupart des sites internet d'information se contentent parfois de reproduire la dépêche de l'AFP (NB : rappel de ce qu'est l'AFP, L'Agence France-Presse est une agence de presse dont la mission est de fournir à tout instant une information exacte, impartiale et digne de confiance sur l'actualité du monde entier. Elle est représentative, à travers ses collaborateurs, de la diversité des langues et des cultures.Le devoir de l'Agence France-Presse est de rechercher objectivement la vérité des faits et de diffuser des informations vérifiées en texte, photographie, vidéo, infographie ou tout autre format.) L'information brute suffit presque, allégée, éphémère, jetable. Nous avons à peine le temps de prendre du recul qu'une autre information fait la une.

 

III-L'événement : un divertissement ?

 

a)Commenter l'événement dans une émission de divertissement

Très souvent, l'événement peut être présenté à la télévision par le biais d'une émission de divertissement. Il suffit de songer à « Vivement dimanche », animé par Michel Drucker ou à « on n'est pas couché » par Laurent Ruquier. La présentation de « Vivement dimanche » est la suivante : « Michel Drucker reçoit les invités qui font l'événement ». Des écrivains comme Yasmina Khadra qui s'est intéressé au conflit au Moyen-Orient dans ses livres est invité avec une actrice telle que Fanny Ardant. On essaie de comprendre l'actualité en s'amusant. La présence d'un humoriste pour clore la soirée vient le rappeler (Eric Antoine, Laurent Gerra ou Olivier de Benoist). A cela s'ajoute l'actualité commentée par les Guignols qui montre les politiciens de façon caricaturale. Finalement, les faits marquants, sérieux sont montrés de façon humoristique, changeant ainsi de registres.

 

b)L'événement « people »

Plusieurs magazines se sont spécialisés dans les commentaires de la vie des stars politiques, de cinéma et même de téléréalité : Closer, Gala etc...Les moments importants de la vie des stars nous sont relatés et font le « buzz ». Le quotidien dans la téléréalité va même devenir un événement : mais peut-on le mettre sur le même plan qu'un événement politique tel qu'une élection ou qu'une catastrophe naturelle ? La vie des gens qui s'exhibent, devient source d'intérêt et amuse les gens. Ces personnes qui se mettent à nu, parfois sans aucune pudeur, sont alors hissés au rang de stars : Nabilla (qui défile aujourd'hui pour Jean-Paul Gaultier), Jenifer (propulsé au rang de star suite à son passage à la Star Académy), Laetitia Milot (connue grâce à l'émission « Opération séduction » et entrée dans le monde de la télévision grâce à « Plus belle la vie »), Nolwenn Leroy, Chimène Badi...De nombreuses personnalités qui ont réussi, sont devenues célèbres grâce à la machine médiatique.

 

Conclusion :

a)Bilan (penser à utiliser un connecteur logique (ainsi, à l'issue de cette étude, pour conclure, en conclusion, pour finir, finalement...)

Finalement, le concept d'événement a évolué avec la demande qui a explosé avec les nouvelles technologies et la possibilité aujourd'hui d'être branché à toute heure sur internet. L'événement, aujourd'hui, doit essentiellement divertir. Les auteurs du corpus regrettent l'absence trop fréquente, chez les médias, d'une réflexion approfondie sur les événements politiques ou sociaux qui se déroulent dans le monde. Le conditionnement par les images peut être dangereux. Le terme « événement » n'a plus sa connotation historique et il semble, par sa fréquence, d'une certaine façon rabaissé. Si tout fait événement, où l'événement véritablement ?

b)Ouverture possible (mais non obligatoire)

L'événement, parce qu'il n'est plus exceptionnel et qu'il a envahi notre quotidien, pourrait bien nous lasser. Le ressassement permanent est de surcroît un facteur qui banalise ce qui nous est transmis.Comment apprendre à le reconsidérer ? La question du choix de l'information se pose. Et c'est à chacun de sélectionner parmi le « robinet d'images » lesquelles méritent qu'on s'y attarde.

 

Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (FILM)

 

 

Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet.

 

Durée : 2h

 

Genre : comédie romantique.

 

A lier au thème de l'extraordinaire : un extraordinaire quotidien. Le bonheur est fait de petits riens.

 

Au thème du souvenir : notamment grâce aux photographies , à l'album (goût pour les collections de photomatons) et aux objets retrouvés, comme la petite boite d'un des personnages qu'Amélie trouve derrière la plinthe de sa salle de bain. Le ton nostalgique est bien présent.

 

 

 

I-La focalisation sur le quotidien (jugé généralement sans importance et qui dans ce film revêt un intérêt particulier)

 

Musique gaie et entrainante au début : une mouche est écrasée. La voix off (André Dussolier) commente des actions qui semblent sans intérêt, des petites choses de la vie dans une ambiance plutôt joyeuse créée par la bande son.

 

Emile Maginot meurt. Annonce de la naissance d'Amélie Poulain (la protagoniste). L'ovule est fécondée, nous dit la voix off, expliquant la création de la petite Amélie dans ses moindres détails biologiques. On nous raconte aussi quelques habitudes très personnelles concernant Raphaël Poulain : il n'aime pas pisser à côté de quelqu'un. Il aime aligner toutes ses chaussures et les cirer : son caractère maniaque est mis en avant. Quant à Amandine Fouet (Poulain, mère d'Amélie), elle aime faire briller le parquet.

 

Amélie a six ans, elle voudrait que son père la prenne dans ses bras. Elle ne va pas à l'école à cause d'une maladie fictive. Serait-ce pour attirer l'attention sur elle ? Pour combler le vide affectif précédemment évoqué ?

 

II-Le quotidien prend une tournure extraordinaire grâce à l'humour, ingrédient central

 

Amélie débranche la télévision du voisin pour se venger (8min.). Une femme se suicide de Notre-Dame et tombe sur la mère d'Amélie qui mourra sur le coup. La scène pourtant tragique est racontée sur un air gai, mettant l'accent sur l'aspect absurde de la situation. La mort est tournée en dérision. On ne s'attarde pas sur cet incident. La voix off, toujours très présente, commente le destin de cette enfant, insistant sur un trait de son caractère : « Amélie préfère rêver sa vie, en attendant d'avoir l'âge de partir. »

 

 

 

III-Les personnages de second plan sont mis sur le devant de la scène : les personnes banales se transforment en héros du quotidien

 

Des personnages qui n'ont rien de l'étoffe de héros sont mis sur le devant de la scène et analysés avec le regard précis, innocent et plein de tendresse de la protagoniste :

 

Georgette : la malade imaginaire

 

Gina : la collègue d'Amélie

 

Philomène : hôtesse de l'air.

 

C'est la vie de ces gens presque insignifiants qui vont être entourés d'une aura particulière.

 

Le quotidien d'Amélie est très organisé :

 

Amélie va voir son père le dimanche. Le vendredi soir, elle va au cinéma. Elle repère toujours les petits détails que personne ne verra jamais, ce qui fait la richesse de notre vie de tous les jours. Son regard sur le monde transforme ce dernier.

 

Ses plaisirs sont simples mais réels :

 

Elle aime faire de ricochets sur le canal St-Martin (12 min). La lumière est douce et chaude. L'atmosphère est agréable. Le spectateur se laisse bercer par ce récit à la lisière du conte et de la réalité.

 

Un événement bouleversant pour la jeune protagoniste en lien avec le souvenir :

 

L'extraordinaire de la situation semble pourtant être un élément insignifiant. Une date très précise est donnée, marquant l'importance de l'événement : 30 août 1997. Elle trouve une boite dans une cachette au trésor qu'un garçon a pris soin de déposer : une boite aux souvenirs, rappelant l'enfance, le goût du jeu, un passé qui jaillit encore mystérieux mais qu'Amélie perçoit comme important.

 

Sa quête : retrouver coûte que coûte le propriétaire. Elle va donc voir la concierge, Madeleine pour en savoir davantage. Elle enquête pour retrouver ce propriétaire bien mystérieux. La concierge lui conseille d'aller voir Collignon, l'épicier, assisté de Lucien (Djamel Debouze) que Collignon humilie en permanence et qu'Amélie vengera. Elle deviendra alors cette héroïne du quotidien, cette jeune fille rendant la vie plus belle à tous ceux qui ont gardé un cœur d'enfant.

 

La musique joue un rôle important. Elle prend subitement une tonalité nostalgique. Elle évoque le retour vers un passé heureux qui a disparu et qui illumine le présent. Le présent est alors rendu plus beau par la tendresse. Amélie pose une question essentielle à son père, à la manière du Petit Prince de St-Exupéry, mais ce dernier n'y accorde pas d'importance, parce que c'est un adulte préoccupé par des choses bien plus sérieuses. Elle le questionne : « Si tu retrouvais quelque chose de ton enfance dont tu tenais comme à un trésor, serais-tu heureux ? »

 

Elle est tout d'abord à la recherche de Dominique Bredoteau. Elle se rend compte finalement qu'elle est en quête de Dominique Bretodeau (renversement de situation).

 

Bretodeau, en se baladant, entend une cabine téléphonique sonner (30 min). Il voit alors la boite de son enfance. Il est émerveillé. Amélie lui a apporté un moment de grande joie. Elle observe, bouche bée et intriguée, le résultat de son action. En une seconde, nous dit la voix off, tout revient à la mémoire de Bretodeau : le Tour de France … (30 min. 52) et surtout cette journée tragique où il gagna toutes les billes de la classe à la récré. » Sa poche s'ouvre et alors toutes les billes tombent sous le regard inquisiteur du maitre. Un simple objet peut faire ressurgir le passé de façon involontaire. Bretodeau pense que c'est un ange gardien qui lui rend sa cassette. Amélie tient à lui faire la surprise, à lui offrir un instant d'émerveillement. Bretodeau évoque ensuite les moments douloureux de sa vie : sa fille qu'il n'a pas revue depuis longtemps. Ce moment de retour sur le passé entraine la confidence.

 

 

 

IV-Amélie Poulain : une héroïne extraordinaire du quotidien

 

La voix off parle d' « harmonie totale avec elle-même » : la douceur des images, la lumière, la vie simple et limpide viennent enrichir cet instant idéal dans lequel Amélie a la volonté d'aider l'humanité entière. Elle ressent un véritable bonheur au quotidien. On se rend compte que la joie est simple et repose sur des actions que tout le monde peut accomplir, sur un regard également plein de tendresse sur ce qui nous entoure. En aidant un aveugle à trouver sa route, elle lui raconte tout ce qu'elle voit.

 

La force de l'imagination : Amélie se voit en Madone des mal-aimés. Elle s'imagine comme une sauveuse. Elle pleure d'émotion en construisant ce scénario.

 

Ensuite, elle récupère un objet qu'elle observe attentivement : des photomatons reconstituées. Pour rendre la vie plus belle à deux personnes du café dans lequel elle travaille, elle invente un plan : elle fait courir le bruit que Joseph (très possessif) s'intéresse à Georgette (une malade imaginaire). Cela met du piment dans leur vie et l'amour les rend plus gais, moins centrés sur leurs problèmes.

 

Son but dans la vie : un projet ambitieux sur le plan humain. Faire du bien aux autres par de petites choses. Collignon, l'épicier, la surnomme : Amélimélo.

 

Amélie a cependant des difficultés à se confronter à la dure réalité : son père ne l'écoute pas. Elle voit le pauvre Lucien se faire humilier par son employeur. Elle met donc en œuvre une vengeance, à la manière d'une justicière. Elle prend la défense des innocents et châtient les coupables. Elle va donc tout faire dysfonctionner dans l'appartement de Collignon : mettre des chaussons trop petits, faire sauter la lumière... Elle a mis par exemple son réveil à sonner à 4 heures du matin.

 

Lucien chantera bientôt (59 minutes) :

 

« Collignon, crêpe chignon

 

Face de fion

 

Tête de gnon. »

 

Amélie a réussi à faire en sorte que Georgette et Joseph fassent l'amour ensemble : cela les rend heureux. Petit passage humoristique : le bruit des ébats dans les toilettes fait sourire tout le monde. Gina commente la scène et dit en parlant de Georgette : « Le coup de foudre, c'est la seule chose encore qu'elle n'ait pas attrapé. » Elle ajoute : « En tout cas, l'amour, ça donne bonne mine. »

 

Dans une boutique de pornographie dans laquelle travaille Nino Quincampoix, Eva dira en s'adressant à Amélie : « Les temps sont durs pour les rêveurs. » Pour rendre son album à Nino, Amélie va imaginer un parcours fléché. Elle crée du mystère, se cache et éveille le désir ou au moins la curiosité chez Nino. Elle finira par céder à son amour, malgré la timidité qui la tenaille.

 

En bref, Amélie agit comme un ange gardien avec les autres, sauf les méchants comme Collignon.

 

 

 

En conclusion, introduisons un peu de merveilleux dans nos habitudes, dans notre quotidien souvent un peu terne par l'art, la peinture, les délicatesses et la tendresse.

 

 

 

V-Le film s'organise à la manière d'un conte, suivant les étapes du schéma narratif :

 

-situation initiale : naissance d'Amélie, mort de sa mère...

 

-Elément perturbateur : cassette trouvée derrière une plinthe. Qui peut bien être le propriétaire ?

 

-Péripéties : savoir à qui appartient cet objet, comment retrouver ensuite Dominique Bretodeau . Faire en sorte que Joseph et Georgette s'aiment. Elle y parvient : l'amour les rend heureux un temps.

 

Rendre à Nino son album photo.

 

-Résolution : Amélie finit par accepter de recevoir Nino chez elle, malgré sa timidité et une belle histoire d'amour va naitre.

 

-Situation finale : Le bonheur s'installe entre les deux protagonistes. Par de petits détails, on peut rendre la vie plus belle.

 

 

 

Questions

 

1-Pourquoi ce film peut-il être rapproché du conte merveilleux ?

 

2-En quoi s'en distingue-t-il cependant ?

 

3-Quel rôle joue le souvenir dans l'intrigue ?

 

4-Quels sont les éléments extraordinaires mis en avant et pourquoi ?

 

5-Pourquoi peut-on dire qu'Amélie est une héroïne extraordinaire du quotidien ?

 

Bande annonce du FABULEUX DESTIN d'AMELIE POULAIN

 Prolongements:


Pourquoi le choix du prénom Amélie Poulain:
https://www.youtube.com/watch?v=ywIOOSobYlM

Photographie de Bruno Barbey sur la contestation étudiante en mai 1968 contre les CRS (forces de l'ordre):

 

Une vidéo intéressante sur les médias et la presse en France: